Depuis la Révolution.
Quand venant de la campagne, vous vous rendez faire vos achats dans les commerces de Plabennec, allez-vous "au bourg" ou allez-vous "en ville" ? Posée, il y a 30 ou 40 ans, cette question aurait sans nul doute paru saugrenue ; aujourd'hui, certains ne manqueront pas d'être embarrassés pour y répondre. C'est que depuis la 2ème guerre mondiale, le centre de Plabennec a connu une évolution importante, passant du stade de bourg de campagne à celui d'unité urbaine de moyenne importance.
Les quatre plans que nous vous présentons ici donnent un aperçu des transformations et des agrandissements successifs réalisés dans le centre de Plabennec depuis plus de 150 ans et montrent surtout la rapidité de l'évolution de son paysage dans les dernières décennies.
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1. Le bourg de Plabennec au milieu du XIXe. A la Révolution, le bourg ne se composait que d'un petit nombre de maisons. A l'époque, on le dissociait encore de quartiers tels Roz Ar Vern, Tyrus, Coat an Abat, Toulc'huibu mais également Bodonn et son manoir (à l'emplacement de l'actuel presbytère) ainsi que Toul Drezen (à l'ouest de l'église). Le bourg occupait ainsi une superficie très limitée. En 1832, la population totale de Plabennec était de 3500 habitants et le bourg ne rassemblait qu'un peu moins de 200 personnes, et encore avait-il annexé le Bodonn, Toul Drezen et Roz ar Vern. Les auteurs ont été peu nombreux à l'époque à écrire sur ce bourg. Il est vrai qu'il ne s'y trouvait aucun monument vraiment digne d'intérêt. Aucun ? Si, peut-être l'église, récente mais grande et propre, ce qui au dire de J.F. Brousmiche était exceptionnel (1). Refaite à neuf et agrandie en 1720, elle possédait un élégant clocher en flèche (comme celui de Locmaria) ; malheureusement, en 1755, un violent orage le fit exploser et une dizaine d'années plus tard il fut rebâti tel que nous le connaissons actuellement. |
La première mairie de Plabennec (en 1790) occupait une maison appartenant à la fabrique St Thénénan, située sur la grand-route, elle servait également d'école. En 1832, la mairie se trouvait à l'emplacement du magasin Caténa. C'est là aussi que se tenaient l'école communale de garçons ainsi que la prison (d'où l'on s'évadait facilement selon un compte rendu du conseil municipal de 1847).
Anecdote
: C'est vers les années 1800 que le système métrique se substitua aux différentes mesures existantes : alors (la lieue par exemple). Pourtant, pendant longtemps ce nouveau système de mesure posa des problèmes à nos ancêtres. Ainsi, dans une délibération du conseil municipal de Plabennec, datée du 10 août 1834, on apprend que "la commune du Drennec n'est au plus éloignée de celle de Plabennec que de 500 Kilomètres".Autre bâtiment public : le presbytère, celui-ci se situait à
Lanhouardon ; ce n'est qu'en 1849 qu'il s'installa à son emplacement actuel. Bien situé sur la grand-route de Brest à Lesneven, le bourg servait de
relais aux diligences et charriots de marchandises. Les voyageurs avaient la possibilité
de se rafraichir dans l'une ou l'autre des 5 auberges qui assuraient également la
restauration et éventuellement le gîte. Les autres commerces étaient peu nombreux (2
boulangeries, 1 marchand de vin et débitant de tabac ... ) alors que le bourg regroupait
une bonne partie des artisans de Plabennec (1 forgeron et 1 cordonnier à Roz ar Vern ;
de nombreux tisserands et "tailleurs d'habits", 1 tanneur, 1 criblier, etc.)
A côté de ces commerces et échoppes d'artisans, on trouvait de nombreuses fermes donnant à ce bourg un caractère très rural. Au total ce sont 49 maisons qui constituaient ce bourg et si l'on songe que les fermes y étaient très nombreuses (environ 1/3 des maisons), on se rend compte qu'à l'époque il offrait toutes les caractéristiques d'un bourg rural.
Un peu à l'écart des maisons du bourg, vers Toulc'huibu, existait un calvaire nommé "Croas ar Mission" à l'emplacement de l'actuel monument aux morts ; c'est là que se déroulaient les fêtes publiques lors des cérémonies commémoratives, anniversaire d'un roi, du couronnement de l'Empereur, de la Restauration... ou autres. On y organisait des démonstrations de lutte, des courses à pied et on y dansait au son du biniou parfois autour d'un grand feu.
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II. Le bourg de Plabennec entre les deux guerres mondiales Dans l'entre deux guerres, la population de Plabennec s'élève à environ 3800 habitants et le bourg regroupe alors de 5 ou 600 personnes. Désormais les quartiers de Ty Rus, Penker, Lannic et Toulc'huibu ont été complètement intégrés. Depuis 1832, de nombreux bâtiments ont été construits : la mairie a été transférée derrière le monument aux morts (lui-même construit après la guerre 14-18). La gendarmerie qui existe depuis le milieu du XIXe siècle bordait la grand-route à l'endroit de son parking actuel. Un bureau de Poste et Télégraphe existait dans la rue du Penquer, ainsi qu'une perception dans les locaux actuels du Rugby Club des Abers (près des pompiers). Le presbytère, anciennement situé à Lanhouardon, a été installé à l'emplacement que nous lui connaissons actuellement. |
CRÉATION D'UNE GENDARMERIE A PLABENNEC EN 1847.
Dans la première moitié du siècle dernier, il n'existait pas de force de police à Plabennec. S'il survenait quelque délit, c'était aux gendarmes de Brest qu'il fallait s'adresser. Ceux-ci, postés à 15 kilomètres de Plabennec ne pouvaient que constater ces délits et éventuellement réprimer ; ils ne jouaient donc aucun rôle préventif hormis pour le pardon de St Thénénan où la municipalité de Plabennec les "louait" pour la journée.
A cette époque, les vols étaient extrêmement nombreux et les églises, non gardées, régulièrement "visitées" par des personnes "peu recommandables" qui n'y venaient pas que pour prier. Les vols se multipliaient d'autant plus que la mendicité était importante. Ce "fléau" social touchait au moins 10% de la population.
En 1821, le conseil de fabrique de l'église paroissiale de Plabennec,
lassé de tous ces larcins décida de prendre des mesures.
Un acte du 14 janvier de cette année nous renseigne :
"Les membres soussignés, composant le bureau des marguillers de
l'église de Plabennec s'étant rassemblés au lieu ordinaire de leurs délibérations,
considérant le grand nombre de vols qui se commettent dans les églises et voyant combien
il est urgent, d'après l'avis de monsieur le préfet, de prendre des mesures pour
prévenir ces malheurs, après une délibération, décidé que le bedeau coucherait
désormais dans la chambre au-dessus de la sacristie et que, d'après l'autorisation de
monseigneur l'évêque, on placerait au-dessus de cette même sacristie une cloche que
l'on sonnerait en cas de tentative contre l'église".
"Fait à Plabennec... Saillour, curé ; Chopin ; Nicolas Jestin,
adjoint délégué ; J. Jestin ; Gabriel Le Dall ; Jean-Marie Grall ; François
Gouez". Le bedeau se vit allouer la somme de 24 francs par an au titre de
gardien de nuit. Plus tard, en 1847, le conseil municipal, ayant à sa tête M.
Jean-Louis Moal, décida la construction d'une véritable gendarmerie. L'ordre fut sans
doute mieux respecté à partir de cette date car, en 1853, le poste de gardien de nuit
fut supprimé. L'emplacement de la cloche, quant à lui, existe toujours.
LES ÉCOLES Les écoles se sont multipliées et agrandies. Désormais, les religieux
se chargent de l'enseignement en concurrence avec les laïques. Les écoles communales
étaient situées derrière la mairie à Toulc'huibu. Si l'école Ste Anne (l'école des
filles) est à sa place depuis le milieu du siècle dernier, l'école St Joseph (l'école
des garçons) a été inaugurée en 1924. Le commerce s'est développé et la plus vieille entreprise du moment
est la Léonarde, coopérative de distribution créée en 1919 Signalons d'autre part, que les agriculteurs disposent d'un syndicat qui
diffuse les engrais et produits nécessaires à l'agriculture. Situé à l'origine à
Ravean, le dépôt est ensuite allé s'installer à Callac. Toujours pour l'agriculture,
il existe un champ de foire ( le même qu'aujourd'hui) et ce depuis 1865. En 1909, un patronage a été créé en face de l'actuel presbytère,
où se déroulaient des séances de gymnastique, de théâtre, de cinéma, etc. A PLABENNEC, LES RUES DU BOURG NE SONT PAS DES AUTOROUTES ! Certains automobilistes, malades de vitesse, ont aujourd'hui bien du mal
à se plier à la règlementation en vigueur.
Que de fois n'a-t-on pas vu des chauffards traverser nos bourgs ? Au début du siècle, il en allait de même. Les premières automobiles
firent leur apparition chez nous aux environs de la guerre Soucieux de la sécurité de ses concitoyens, le maire de Plabennec
décida de mettre bon ordre dans la circulation et le 20 mars 1914 prit cet
arrêté :
" ... Par suite tant du nombre des automobiles que des excès de
vitesse si fréquemment constatés, il y a lieu de règlementer la circulation de ces
véhicules sur le territoire de la commune. Les conducteurs ne devront pas dépasser la vitesse de 8 km/h dans
les agglomérations. Ils devront ralentir à la vitesse d'un homme au pas dans les
endroits étroits, encombrés, au moment des foires, marchés, fêtes, comportant des
rassemblements compacts et des foules serrées".
Petit à petit, tout le monde s'habitua aux automobiles et de ce fait la
vitesse put être augmentée, sans que pour autant il n'en résulte davantage d'accidents.
En 1934, cette vitesse était limitée à 20 km/h pour tous les véhicules à moteur. Le
20 mars de cette même année, le maire prit un nouvel arrêté, à titre expérimental,
concernant la circulation routière. Désormais, la vitesse maximale autorisée était
portée à 30 km/h pour les véhicules de tourisme et les motocyclettes, la vitesse des
poids lourds restant limitée à 20 km/h.
Hélas, l'expérience devait se révéler catastrophique. Les fous du
volant faisaient peur aux personnes âgées, aux enfants, aux chevaux... Le bourg allait
devenir un enfer. Le 5 novembre 1934, le maire préféra revenir à de plus justes
mesures. La vitesse redevint limitée à 20 km/h en agglomération pour tous les
véhicules, poids lourds, voitures de tourisme et motocyclettes. Le petit train Sur le plan, on distingue nettement une courbe qui traverse Plabennec du
sud au nord. Il s'agit de la ligne de chemin de fer.
Le train assurait le trafic des voyageurs mais aussi et surtout de
bois, du goémon, du sable et autres marchandises. Le trafic fut arrêté juste avant la 2e
guerre mondiale mais reprit sous l'occupation. Trois gares existaient : Plabennec,
Locmaria et Ravéan, mais une seule possédait un chef de gare, celle de Salanguis où on
trouvait une "plaque tournante" (nous aurons l'occasion
plus tard de parler du train). L'électrification de la commune.
Une telle réalisation méritait une manifestation à la dimension de
l'effort accompli par M. le Maire et la municipalité. Préparée de longue date, elle
s'annonçait comme un triomphe : Tout Plabennec en parlait et travailla. Le 1er mai 1955 : La fête de la lumière à Plabennec.
"Le 1er mai, Plabennec fêtait la fin des travaux et à son
succès. La veille, toute la jeunesse de la campagne s'affairait, dans une saine
émulation, à la construction du char qui, le lendemain, devait représenter le quartier
dans le grand défilé prévu : celui-ci devait célébrer les bienfaits que la "Fée
électrique" apportait dans la vie du village et dans la vie de chacun. Le lendemain
fut une véritable inondation : Les fronts s'assombrissaient à mesure que la journée
s'avançait et que la pluie tombait, inlassable et drue...
Qu'importe ! Un programme était prévu, il fut suivi. M. le
curé chanta la grand-messe dans l'église illuminée pour la circonstance...L'après-midi eut lieu la bénédiction des
transformateurs... sous la pluie ; le défilé eut lieu... sous la pluie ; M. le
Curé bénit solennellement le poste N° 13 (celui des Castors) que l'on venait
d'inaugurer en présence de M. Colin, député, de M. le sous préfet de Brest, de M. de
Pouliquet, conseiller général... toujours sous la pluie.
Quand tout était fini, la pluie cessa. Le soleil, qui
semblait fâché depuis le matin que l'on fête ainsi l'électricité, sa concurrente,
réapparut enfin. Le soir, le clocher et l'église furent illuminés et, pour la joie des
petits et des grands, on tira un merveilleux feu d'artifice".
Extrait de :
Notre paroisse - Juin 1955
III. Le bourg de
Plabennec dans les années 1950-1960.
Au lendemain de la Libération, s'ouvre pour notre
région l'ère de la reconstruction et de l'expansion démographique (baby-boom).
L'industrie du bâtiment connaît un développement important. Témoin de ce phénomène,
le plan de 1960 révèle de profondes transformations dans le bourg. Si l'on constate que
le vieux fond se retrouve une fois de plus (beaucoup de vieilles maisons ont uniquement
été réaménagées), l'évolution se fait surtout sentir à la périphérie du
bourg. A cette époque, la commune compte, 4400 habitants et le bourg regroupe
déjà plus de 1500 personnes ; nous sommes loin des chiffres de 1800. En 1968, le bourg
de Plabennec se voit attribuer le titre d'unité urbaine, la population agglomérée
étant alors de 2334 personnes contre 2246 résidant dans les zones rurales.
C'est surtout sur ce phénomène d'augmentation de la population agglomérée
qu'il convient d'insister puisque les bâtiments publics n'ont pas
beaucoup
évolué. A noter cependant la construction de la Maison Familiale Rurale et la maison St
Pierre ou Hospice.
Cette époque est celle de la construction de nombreuses cités. Dès
1949 se posait le délicat problème du logement pour beaucoup de jeunes foyers. Ceux-ci
se prirent alors en charge et fondèrent une association, celle du Foyer Rural ou Castor,
la première de ce type dans le Finistère. Cela aboutit, grâce au travail des adhérents et des artisans
plabennecois, à la création de la cité Ravéan où, dès 1955, date de l'inauguration
de la cité, la population atteignait 250 personnes dont 180 enfants.
Autres cités de cette époque : Roz-Vily, Kerhéol, Bellevue, Kermat.
Sur le plan apparaît tracé des lots de la future cité de Kerangall, le premier grand
lotissement communal de Plabennec. Le chemin de fer a disparu à la fin de la guerre. La ligne (sans les
rails) est restée et a été transformée en route. Il manque un élément d'importance sur le plan. il s'agit du stade de
Kergoff où se produisaient les différentes équipes de football de l'E.S.T., l'Etoile St
Thénénan. On y trouvait aussi les locaux de la Ruche.
IV. Le bourg de
Plabennec dans les années 1980. Cette époque est à nouveau marquée par
l'importante augmentation de la population agglomérée, phénomène accentué par la mise
en place du Plan d'occupation des Sols (P.O.S.). Désormais, Plabennec compte plus de 5000
habitants agglomérés pour une population totale d'environ 7000 habitants. Quelques
nouveaux édifices publics ont été construits : la mairie, la Poste, la gendarmerie, la
salle Marcel Bouguen ainsi que l'important complexe de Kerveguen ; celui-ci regroupe les
bâtiments de l'I.M.E., l'école communale et l'ensemble sportif comprenant terrains de
foot, courts de tennis, salles omnisports, piscine. De nombreux lotissements ont été
construits depuis les années 60 : Kerséné, Lannic, Kervillerm, etc. et désormais le
bourg de Plabennec s'étend à l'ouest du Mendy, petit ruisseau affluent de l'Aber-Benoit
qui alimente de plus l'étang de Pont-Quinou qui est également une réalisation de cette
époque. Depuis 1980, Plabennec a encore évolué. De nombreux lotissements ont
été réalisés ou sont en cours de réalisation. De nouveaux équipements sportifs ont
été construits, (tribune, terrain de rugby..), ainsi que la Maison du Lac, la
bibliothèque municipale.... L'aspect du centre de Plabennec en l'an 2000 ne ressemblera
pas tout à fait à celui de 1980, ceci grâce aux travaux d'effacement des réseaux en
cours en 1999.
à l'initiative de pionniers de la coopération tel Saïk ar Gall. A noter que l'un des
commerces d'habillement (vente et fabrication) emploie plus de 20 personnes. Les cafés se
sont multipliés, plus d'une vingtaine, parmi lesquels on comptait quelques bistrots
"hygiéniques".
14-18 et dès cette date nos concitoyens ressentirent un danger important en traversant
les routes et les chemins. Certains individus, au mépris des vies humaines, n'hésitaient
pas à traverser les agglomérations à des vitesses folles, parfois même à plus de 20
km/h. Or, si l'on prend le cas du bourg de Plabennec, il y passait parfois plus d'une
dizaine de voitures dans la journée ; on mesure ainsi le danger... !
Quand on vous dit que la vitesse... c'est dépassé !