La fondation de PLABENNEC 

Les Bretons étaient les habitants de la Grande Bretagne actuelle, ils entretenaient d'étroites relations depuis longtemps avec l'Armorique, la pression des envahisseurs saxons provoqua l'émigration d'une partie des habitants de "Grande" Bretagne après la chute de l'Empire Romain. Ils s'installèrent essentiellement  en Armorique, avec ou contre les gallo-romains lesquels occupaient les meilleures endroits. La légende dit qu'ils étaient accueillis en sauveurs ; il est vrai que ces Bretons ont fourni beaucoup de soldats à l'empire romain, mais si on gratte la dorure, que reste-t-il ?

Les légendes disent aussi que la vie d'un homme ne valait pas cher.

EXTRAIT DE LA LÉGENDE DE SAINT GOEZNOU

        C'est dans l'Histoire Britannique que les bretons sous Brutus et Corinéus ayant par leur vaillance conquis Albion, (Grande Bretagne) qui reçut d'eux le nom de Bretagne, et les îles circonvoisines, virent croître leur nombre et prospérer leur empire, au point que Conan Mériadec, très bon catholique, très brave guerrier, suivi d'une multitude infinie qui ne pouvait tenir dans l'île, passa la mer et vint aborder en Gaule le rivage armoricain.

       Là, sa première résidence fut près du fleuve Guilidon, en Plou-Coulm, au lieu qui retient encore le nom de Castel Mériadec. Avec ses Bretons, il conquit glorieusement toute cette région jusqu'à la cité d'Angers, y compris les pays de Rennes et de Nantes, et tua tous les indigènes qui étaient encore païens et pour le motif nommé Pengouët, c'est à dire Têtes chenues. Quant aux femmes leur ayant seulement coupé la langue pour les mettre dans l'impuissance d'altérer l'idiome Breton (le parlé breton). Les compagnons de Conan usèrent d'elles en mariage et aux différents offices que pouvaient requérir les circonstances. Puis ils bâtirent des églises en divers lieux pour chanter les louanges divines ; ils partagèrent en plous et en trevs le pays entier...

Bref, la sauvagerie n'appartenait pas qu'aux Bretons, elle était probablement naturelle pour tous les peuples européens de cette époque.

Il faudra attendre plusieurs siècles pour qu'à nouveau les hommes de la région signalent leur présence par des œuvres de pierres taillées, comme les croix du haut Moyen-Âge.

L'absence d'écrit authentique d'époque ouvre la porte à toutes les légendes sur le merveilleux passé des gouvernants et des Saints bretons. L'histoire de nos régions, antérieure à l'an 1000, est écrite ou réécrite aux XIe et XIIe siècles, donc de 300 à 400 ans après les faits. Il est raisonnable de prendre tous les écrits très anciens avec circonspection et en disant :  la "légende dit" ou "l'histoire dit que..", nous sommes ainsi sûrs de ne pas nous tromper.

C'est vers l'an 1000 que l'on trouve les premiers noms de nos villages comme "Parochia Albennoca" , paroisse de Saint Abennec fondée vers le VIe siècle par un saint breton nommé Abennec ou Abennoc qui est devenue PLABENNEC aujourd'hui.

St Thénénan, patron de la paroisse, est venu du pays de Galles. Il aurait d'abord fondé un ermitage à La Forest-Landerneau, ensuite se serait établi à Lesquelen (Lesquelen  porte le nom de Saint Ténénan sur la carte de Hardy en 1631 ). A cet endroit se trouve une motte féodale du même nom. St Thénénan serait devenu évêque de St Pol et serait mort à Plabennec.


Une lettre vieille de 1500 ans : Naissance d'un Plou

Cette lettre datée des années 510 - 520  permet presque d'assister à la naissance d'un Plou. elle est écrite par trois évêques gallo-romains, celui de Rennes, celui de Tours et celui d'Angers. Elle s'adresse à deux prêtres bretons, Lovocat et Catihern ce dernier est moine en son monastère de Languédias (ancien Lann - Catihern) selon B. Tanguy Dictionnaire des communes, des Côtes d'Armor.

Les reproches faits aux deux prêtres : 1) aller de maison en maison célébrer la messe.  2) se faire aider par des femmes.

On le voit bien, les moines répondent ici aux besoins des gens d'une façon inattendue, inhabituelle pour les gallo-romains :  Ils évangélisent en allant de maison en maison, célèbrent l'Eucharistie dans ces maisons, des femmes participent à cette évangélisation.  Ceci se passait vers 510

   "Par un rapport du vénérable prêtre Sparatus, nous avons appris que vous ne cessez point de transporter certaines tables de-ci de-là, dans les cabanes de divers concitoyens, et que vous osez célébrer des messes, en ayant recours, pendant le sacrifice devin, à des femmes que vous appelez "conhospitae" ; pendant que vous distribuez l'Eucharistie, elles tiennent le calice, - vous étant présents -, et elles ont l'audace de donner au peuple le sang du calice.

   C'est là une nouveauté, une superstition inouïe ; nous avons été profondément contristés de voir réapparaître de notre temps une secte abominable qui n'avait jamais été introduite dans les Gaules. Les Pères orientaux l'appellent "Pépondienne" du nom de Pépondius, auteur de ce schisme, qui osa associer des femmes dans le ministère de l'autel ; ils ont décidé que les partisans de cette erreur doivent être exclus de la communion ecclésiastique.

 Aussi avons-nous cru devoir vous avertir et vous supplier, pour l'amour du Christ, au nom de l'unité de l'Église et de notre commune foi, de renoncer, aussitôt que la présente lettre vous sera parvenue, à ces abus des tables en question, que nous ne doutons pas, sur votre parole, avoir été consacrées par les prêtres et de ces femmes que vous appelez "conhospitae", d'un nom qu'on n'entend ni ne prononce sans un certain tremblement, d'un nom propre à diffamer le clergé et à jeter la honte et le discrédit sur notre sainte religion.

   C'est pourquoi, selon les règles des Pères, nous ordonnons à votre charité, non seulement d'empêcher ces femmelettes de souiller les sacrements divins en les administrant illicitement, mais encore de n'admettre à habiter sous votre toit aucune femme qui ne soit votre aïeule, votre mère, votre sœur ou votre nièce, les contrevenants devant être excommuniés, conformément aux canons... "

Bref résumé :

Les ecclésiastiques en question participaient à l'évangélisation avec l'aide des femmes, comme en Asie Mineure et en Irlande. Mais visiblement cette façon de faire n'était plus d'actualité dans le clergé romain, qui avait interdit aux femmes de célébrer les sacrements. C'est déjà un début d'uniformisation des rites religieux.

Pour en savoir plus, lire : "Aux origines de l'Église Celtique" de Job an Irien ayant fait une étude publiée dans : Britannia Manastica 3 , 1994

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